La palabre, un espace de paroles et de démocratie
Si la palabre peut évoquer une discussion longue, elle désigne avant tout un lieu de démocratie en Afrique. Il s'agit d'une assemblée réunissant les membres de la communauté et où s'échangent des informations, se prennent des décisions (Larousse).
Elle représente une source d'inspiration pour nos lieux de discussion avec les volontaires. Veiller aux relations sociales, trouver un consensus, prendre des décisions de manière concertée...
Pour la PFV, la palabre rappelle également l'importance de s'ouvrir à d'autres horizons pour nourrir nos pratiques et enrichir le volontariat. Donner une place aux nouveaux arrivants (personnes qui ont immigré récemment) dans le volontariat, c'est vivre nos valeurs d'inclusion et de cohésion sociale tout en donnant la parole aux personnes qu'on entend peu ou pas.
"Le bénévolat donne cet espace pour s'expérimenter avec une certaine indulgence, créer des liens, poser des questions, parler et échanger." Témoignage recueilli lors de notre sémin'@ir,15 mai 2020.
Une lecture pour se laisser inspirer : Récit de la palabre qui sauve les villages du Burkina Faso
Des histoires qui nous rappellent l'importance de communiquer, de favoriser une démarche collective et de faire place à l'informel dans le volontariat. Comme pour tout bénévole, accompagner les nouveaux arrivants dans leurs activités sera rythmé par la construction d'un cadre de collaboration, l'expérimentation en permettant l'essai-erreur et l'échange d'idées et de solutions à mettre en oeuvre ensemble.
Source : Bessette G., Eau terre et vie, communication participative pour le développement et gestion des ressources naturelles, Québec/Paris, Presses de l’Université Laval/Éditions L’Harmattan, 2007.
Dialoguer dans un contexte interculturel
Faciliter le volontariat des nouveaux arrivants nous permet de découvrir et d'expérimenter l'interculturalité. L'interculturalité invite à échanger, "faire ensemble" et est un processus à double sens : la société d'accueil a aussi un travail à faire pour inclure les personnes étrangères. La démarche se passe en trois phases :
- Décentration : posture de recul par rapport à soi-même ;
- Compréhension : posture d'ouverture, de curiosité par rapport à l'autre ;
- Négociation : identifier ce que je peux apporter à l'autre, ce que l'autre peut m'apporter, partager nos limites et construire ensemble, à mi-chemin entre les deux personnes.
Source : Intervention du CAI Namur lors de notre sémin'@ir, 15 mai 2020.
De nombreuses ressources peuvent aider à vivre l'interculturalité avec les volontaires. Formations, accompagnements sur mesure...
Plusieurs outils autour de la communication interculturelle sont également à votre disposition pour vous lancer !
Lors de notre sémin'@ir du 15 mai 2020, les associations ont partagé aussi quelques conseils :
- Utiliser des pratiques non formelles pour favoriser la rencontre (brise-glace, utilisation de gestes pour discuter).
- Présenter le projet en amont dans l'association : identifier les apports, dépasser les craintes, prévoir les aménagements éventuels.
- S'intéresser aux réalités des personnes : visiter un centre d'accueil, prendre contact avec les centres d'accueil, les CRI ou les BAPA.
- Écouter comment le bénévolat se vit dans le pays de la personne, partir de ses représentations pour expliciter le volontariat en Belgique et le rôle des associations.
Dialoguer pour repenser notre société
Dialoguer, c'est aussi laisser la parole aux personnes qu'on n'entend pas ou peu. Les écouter, les lire et découvrir leurs idées pour, ensemble, construire un monde inclusif, juste et durable. Une manière de développer notre curiosité à l'autre et de vivre concrètement nos valeurs d'ouverture et d'inclusion.
Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté, Nenette et Nadine, membre du collectif La voix des sans-papiers, 2020
- MigranStory est un quotidien d’informations et d’analyses en ligne rédigé par des personnes en situation d’exil. Dans une interview, Marco Martiniello, sociologue et directeur général du CEDEM (Centre d’étude de l’ethnicité et des migrations), revient sur les élans de solidarité en temps de crise, en particulier sur l'implication des demandeurs d'asile et migrants dans la société belge. De quoi s'éloigner encore une fois d'une relation limitée à de l'aide envers des personnes vulnérables.
- Au-delà "d'avoir à coeur d'aider les gens", de nombreuses personnes s'engagent également dans la lutte des droits des sans-papiers. C'est le cas par exemple de Nenette et Nadine du collectif La Voix des Sans-Papiers de Liège, membre du réseau de Coordination des Sans-Papiers de Belgique qui mène la campagne "Déconfinons les droits des sans-papiers".
- ZinTV est une WebTV essentiellement composée de bénévoles. Dans une série de vidéos, elle veille à donner voix aux oublié-e-s de cette crise sociale et sanitaire.